Journal des Allumés du Jazz
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Comme à chaque numéro, Allumettes et Allumés du Jazz ont les oreilles grandes ouvertes et pendant la confection de ce numéro 44, c’est bien la musique des casseroles qui a prévalu. Dossier spécial : il y a du monde au balcon et ça sonne jusqu’au fond du temps évoqué par le charivari d’Humphrey Beauvoir ! Son d’une commune présence qui fait swinguer d’autres sujets le temps d’un rapport, celui du sénateur Julien Bargeton qui, bien qu’étrangement applaudi, a provoqué chez la commission distribution – toujours sur la brèche - plus de doutes que de contentement. Marianne Lumeau fait le point sur les idées baroques de taxation du streaming, Guillaume Heuguet offre ses pistes, une cellule d’investigation révèle un dossier contenant un nouveau projet de mode de subvention, Étienne Brunet chante l’apocalypse de l’Internet, Pablo Cueco énonce tranquillement les failles de l’intelligence artificielle, Sylvain Darrifourcq poursuit ses 20 000 mots, Pierre Tenne se souvient précisément de l’oubli, Jean Rochard prend le pouls du spectacle vivant, Guy Le Querrec photographie Mitterrand dans la mousse et Joachim Florent raconte alors que l’imperturbable et orwellien Albert Lory poursuit son encyclopédie. Et puis Simon Goubert et Denis Fournier (photographiés par François Corneloup) vibrent au son de leurs aînés Art Blakey, Philly Joe Jones, Elvin Jones et Beaver Harris, Jean-Marc Foussat est tout excité avec Alice Cooper et Sakina Abdou discute avec André Villéger (photographiés par Margaux Rodrigues). Pas de frontières entre les générations. Et de bonne habitude, une cohorte d’illustratrices et illustrateurs commentant de leurs pinceaux et plumes ce monde casserolé : Thierry Alba, Denis Bourdaud, Johan de Moor, Efix, Nathalie Ferlut, Anna Hymas, Jop, Killoffer, Matthias Lehmann, Julien Mariolle, Emre Orhun, Pic, Jeanne Puchol, Isabelle Raquin-dk, Gabriel Rebufello, Rocco, Andy Singer, Zou. À écouter et commander : un sacré lot de nouveaux albums plus épatants les uns que les autres et quelques livres à lire. Et bien sûr, car on aime jouer aux Allumés, un bon foisonnant rébus pour l’été avec des disques à gagner.
Bref : un vrai feu d’artifice !
















Autant le dire tout de suite, c’est le foutoir, le foutoir d’une avant-garde dont la musique se serait bien passée, malaxant un mélange de mercantilisme délirant, de liquidation de la valeur, de goinfrerie technologique, d’encadrement institutionnel, de perversité politique, d’uberisation à marche forcée, d’enterrement du langage (Adieu !), de conseils de discipline, de subordination aux images sans queues, sans tètes et sans estomacs, de calculettes empoisonneuses, de vertigineuse perte du sens. Et puis, il y a ça et là des éclairs, des résistances, des fulgurances, des pieds de nez, des pirouettes cacahouètes, des questions, des réponses, des embardées, des accompagnements, des soli pas désolés, des amitiés sans patrouilles, des rayons (de soleil) de disques, des averses insolentes, des coups de cœur, des coups de sang, des soul eyes. Mais l’état major n’a dressé nulle carte et pour s’y retrouver, point de fainéantise : on souffle, on continue. Alors les Allumés du Jazz, qui avaient proposé en 2005 une série de conversations intitulée L’avenir du disque, rebâtir, ayant aussi constaté que leurs brandons se faisaient souvent rebattre, sont revenus sur les lieux de leur crime causer haut et fort et comme chacun et chacune le voulaient (silence de plomb à la casse) pour les journées Enregistrer la musique, pour quoi faire ? les 7, 8 et 9 novembre 2018.
Un ouvrage récent s’aventure dans les terres de l’Underground musical en France jusqu’en 1979, à la veille d’un grand bouleversement qui en connut d’autres et que l’on peine à toucher avec goût aujourd’hui si bien qu’il fut une question posée maintes fois lors de ces journées avignonnaises : « Que s’est-il passé ? ». On pourrait dire aussi « Qu’avons-nous laissé faire ? » pour nous retrouver si nus mais si peu sauvages. Musiciens, musiciennes, producteurs indé(crottables)pendants, disquaires, chercheurs, journalistes, essayistes, critiques, anthropologues, ingénieurs du son, cinéastes, organisateurs, organisatrices, photographes et même un canard. Cette revue – complément indispensable du numéro 37 du Journal Les Allumés du Jazz paru en octobre 2018 en préalable aux rencontres – propose des extraits de ce qui s’est dit à Avignon, des remarques et réflexions postérieures, des commentaires et réflexions imagés et parfois dessinés, photographiés et un bon esprit joueur sachant prendre les ronds-points de la musique en tous sens.

