VERS LA FIN ANNONCÉE ET PROGRAMMÉE DU VINYLE ET DES DISQUAIRES ?

Publié le 2021-06-22
Temps de lecture : 2 min.
Les Allumés du Jazz
VERS LA FIN ANNONCÉE ET PROGRAMMÉE DU VINYLE ET DES DISQUAIRES ?
Les Allumés du Jazz

Communiqué du Syndicat Groupement des Disquaires Indépendants Nationaux, 
paru le 22 juin 2021

Nous en sommes en 2023. A une date pas si lointaine que ça et dans une reprise économique maintenant bien réelle, les vinyles et les disquaires ont disparu…

Dans les rares magasins restants, des pans entiers de fonds de catalogues vinyles sont introuvables. Impossible de mettre la main sur « Harvest » de Neil Young depuis plusieurs années. Jamais un.e jeune, même avec son Pass Culture, n’a pu acheter Imagine de John Lennon. C’est bien simple, la discographie de Bowie n’est plus accessible qu’en version d’occasion. Les contrefaçons ont fait un retour en masse dans les rayons, seul moyen de trouver un Led Zeppelin II ou III en dessous de 20€.

Revenons en 2021. Que s’est-il passé ?
Est-ce la crise sanitaire qui a eu raison des derniers magasins vendeurs de galettes ?
Pas du tout. Les disquaires, aidés dans la crise Covid et reconnus comme essentiels, ont réussi tant bien que mal à résister. Le coup de grâce est venu de l’intérieur.

Opportunisme ou suicide commercial, les 3 majors françaises du disque ont décidé en cette année 2021 d’une augmentation tarifaire qui, pour deux d’entre elles dépasse l’entendement. Et malheureusement, certains labels et distributeurs indépendants ne sont pas en reste dans cette escalade.

Les prix hors taxes ont pris entre 0.50€ et 19€ (?!) d’augmentation selon les références.

Sans entrer dans des détails comptables trop accablants, prenons un exemple pour bien comprendre de quoi nous parlons :
Hier, pour le simple vinyle de Téléphone « Dure Limite » vendu par Warner aux disquaires 12€49 HT le prix public était environ à 21€30 TTC.
La marge des magasins tournant autour de 30% maximum, le gain pour eux était de 4€60 puisque, rappelons-le au passage, le disque est un des rares produits culturels à être encore soumis à une TVA à 20%, soit sur ce disque 4€20 pour l’état.

Le nouveau tarif de Warner pour ce même album est aujourd’hui de 30€05 HT ( ?!). Basculant ainsi le prix de vente public à environ à 51€ TTC… Qu’est ce qui justifie une telle hausse de prix ? Téléphone, jeune groupe en développement ? Il parait peu probable que la maison de disque ait encore besoin de rentabiliser cet album sorti en 1982 et vendu à plus de 400 000 exemplaires…

Il en va de même pour des milliers de références et dans le top des plus grosses majorations de prix on peut trouver des albums de David Bowie, Jethro Tull, Renaud, Led Zeppelin, Iron Maiden, Johnny Hallyday, Dominique A, Renaud, Coldplay, M, Mickey 3d, Eric Clapton, Jean-Louis Aubert, Blur, Nirvana, Metallica, etc.

« Raréfaction de la matière première et meilleure rentabilité sur le vinyle » voilà les raisons principales données par les distributeurs pour justifier cette hausse.
Pourtant une de trois majors a réussi à modérer cette hausse aux alentours de 2€ par référence. Alors quoi ? Le polymère indispensable à la fabrication du disque vinyle serait donc plus cher pour presser « Premiers Symptômes » de AIR (passant de 10.80€ HT à 26.50€ HT) que pour « Random access memories » de DAFT PUNK (seulement 1.66€ d’augmentation) ?

Et les artistes ? Sont-ils au courant et d’accord pour que leurs albums deviennent inabordables pour une grande partie de la population ?
Dommages collatéraux immédiats de cette hausse tarifaire : l’arrêt des commandes sur ces références et leur disparition des bacs, car il est inconcevable pour nous disquaire, de proposer des vinyles à un tel niveau de prix.

A se demander s’il n’y a pas une volonté des distributeurs de supprimer de leurs catalogues ces références ?
Le Syndicat n’appellera pas au boycott, le boycott s’imposera logiquement et l’appauvrissement des fonds de rayon et de la diversité musicale avec.

Un beau gâchis après une année et demi de Covid qui a déjà mis plus qu’à mal tout le secteur de la musique.

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