…AND THEY WERE COOL (Ref. ib16)

Colère. Le free jazz est une musique qui tourne très volontiers le dos à ses initiateurs. On les retrouve dans la rue des décennies plus tard. Et s’ils ne jouent pas le jeu du Grand Retour, on les y laisse.

Telle est la destinée de Giuseppi Logan, qui a ressorti trois albums dans l’indifférence générale après une éclipse de 43 ans depuis ses disques fondateurs pour ESP.

…And They Were Cool est le fruit du travail acharné d’un guitariste et fan, Ed Pettersen, qui a traqué l’homme des années durant, et l’a aidé à vaincre la déchéance pour réaliser deux chefs d’œuvre. Las ! Ce qui au travers de la lentille magnifiante de « l’histoire du Free » paraissait comme de merveilleuses idiosyncrasies de souffleur hystérique de « la Grande Epoque », a été accueilli comme faiblesses de l’âge et des rudesses de la vie, sans que pourtant les disques d’hier et d’aujourd’hui soient mis dos à dos (encore que les premiers aient été fort opportunément réédités au même moment, et se soient bien re-vendus). Qu’importe, si Rimbaud était revenu du Harar pour écrire plutôt que mourir, on l’aurait publié ; mais, dans la commisération générale, un certain air aurait voulu signifier qu’il avait perdu la main… Auditeur, ô hypocrite, - mon frère ! ne les écoute pas, écoute-le, lui, car sa voix va s’éteindre bientôt.

Anyway, le mal est fait : depuis ce disque la terrible rue new-yorkaise a de nouveau englouti Giuseppi Logan, il doit être en train d’y mourir de ceci ou de cela, et je ne vous infligerai plus le malaise de devoir l’écouter. Tant pis pour nous tous.

- Julien Palomo, Improvising Beings