N° 3 Les aventures de Stéphane en Amérique Jesus is love

Publié le 2011-10-14
Temps de lecture : 2 min.
Les Allumés du Jazz
N° 3 Les aventures de Stéphane en Amérique   Jesus is love
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Hier soir, j'étais plutôt embêté.
J'avais rendez-vous avec Alexandra Schwartz pour assister au vernissage d'Ann Legget, dans l'ancien garage d'une maison située à Long Island City reconvertie en galerie. Or, dans un excès de confiance démesurée, j'avais omis de prendre l'adresse exacte du lieu où le raout devait se produire, confondant de surcroît la 47th street avec la 47th road, ce qui est grave.
Car quand on prend une rue par le mauvais sens à New York, on peut faire, genre, 14 kilomètres pour atteindre son objectif final. Et quand on se trompe carrément de rue, la petite virée urbaine se transforme facilement en cauchemar.
Heureusement, il y a Jésus.
Ou, plus exactement, il y a Daniel McGhee. Daniel est le lead pastor de la Connection Church of NYC et habite comme par miracle la 47ème rue ; il ne parle pas français mais chinois, car sa mission sur Terre est de convertir les habitants de ce grand pays à la parole du fils de Dieu, comme il me l'a gentiment expliqué en anglais. Accessoirement, sa mission consiste aussi à raccompagner les Frenchies en déroute vers la station de métro la plus proche de chez lui, ce qu'il a fait avec une spontanéité et un enthousiasme qui ont remonté mon moral de quelques crans.
Dans sa Lexus, Daniel m'a demandé au bout de quelques minutes si je connaissais Jésus ; je lui aurais volontiers répondu "pas personnellement", mais sur le moment ça ne m'a pas paru très approprié. D'autant moins que l'heure tournait et que j'étais tétanisé à l'idée de rater mon rendez-vous. "Take it easy, Stephane ; everything gonna be all right. Do you believe in God ?" J'avais peur de le décevoir en répondant "non", mais de toute façon nous étions arrivés au métro. Il m'a laissé sa carte en me disant de le contacter si j'avais la moindre question sur, tu sais, Jésus, Dieu et tout ça.
A la suite de quoi j'ai pris la première rame à destination de Queensboro plaza, demandé à une dizaine de personnes mon chemin pour rejoindre la 10-10 gallery, et suis parvenu avec seulement 55 minutes de retard à mon rendez-vous. Alexandra en partait quand je l'ai croisé sur le trottoir. Elle m'avait attendu une heure, mais je ne pouvais pas repartir sans avoir regardé les toiles à 15 000$ accrochées ici ou là ; nous avons donc fait un tour de l'exposition, le temps pour elle de se faire draguer à nouveau par un vieux Colombien libidineux, et pour moi de me rappeler au bon souvenir de Dan Dougherty, un collectionneur qui aime mon travail et a acheté hier soir un tableau à 10 000$.
Puis nous sommes allés dîner dans une incroyable gargote située à l'angle de Brodway et de la 79ème rue, qui propose à peu près tout ce qui peut se manger sur terre : la carte des menus fait trente ou quarante pages, numérotées pour que le client puisse s'y retrouver. Mais j'ai oublié son nom, désolé. Les trois gobelets de Cabernet rouge éclusés à la galerie pour me décontracter m'avaient plongé dans un état cotonneux et si je ne me suis effondré qu'en arrivant à la 125ème rue où je loge actuellement, c'est uniquement grâce à l'intérêt que je portais à la conversation d'Alexandra.
Je dois appeler une galerie qui m'a recontacté hier. Emerald Fitzgerald s'est senti visé quand j'évoquais hier la déception que suscitait en moi l'attitude de certaines galeries, à juste titre. Je crois qu'il veut se racheter et m'a prié de lui rendre visite dans sa nouvelle galerie de Chelsea.
J'aimerais ensuite aller voir ce qu'il se passe Liberty Plaza, il faut que j'achète un téléphone portable et il est très probable que je quitte New york en fin de journée pour aller passer le week-end à Dobbs Ferry, à 20 miles de la ville.
la routine.

Stéphane

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