RADIO FRANCE, LE RAPPORT QUI DÉMENT LES CHIFFRES DE LA DIRECTION

Publié le 2019-06-17
Temps de lecture : 3 min.
Les Allumés du Jazz
RADIO FRANCE, LE RAPPORT QUI DÉMENT LES CHIFFRES DE LA DIRECTION
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16 juin 2019 par  Laurent Mauduit sur MEDIAPART
Après la fin programmée de France 4 et de France Ô, puis le projet de suppression de Soir 3, c’est Radio France qui est menacée par un plan d’austérité de 60 millions d’euros. Mediapart révèle qu’un rapport d’expertise, réalisé pour le Comité social et économique (CSE) central du groupe, établit que la PDG de Radio France, Sibyle Veil, a présenté des simulations financières insincères. Un préavis de grève a été déposé pour mardi 18 juin.

EXTRAITS DE L'ARTICLE

·  Du mot « saborder », le dictionnaire de l’Académie française donne deux définitions. La première est la signification au sens propre : « Percer la carène d’un navire au-dessous de la ligne de flottaison pour le couler. » Et la seconde est la définition au sens figuré : « Détruire volontairement quelque chose, saboter. » Sans doute cela résume-t-il parfaitement le travail de destruction qu’ont entrepris les principaux responsables de l’audiovisuel public, en application des instructions qu’ils ont reçues d’Emmanuel Macron.

Plan d’économies drastiques de 50 millions d’euros à Radio France ; suppression annoncée de Soir 3 l’une des émissions phares d’information de France 3 ; suppression de France 4 sur la TNT, puis de France Ô, la chaîne de France Télévisions consacrée à l’outre-mer : le pouvoir est en train de conduire une opération de saccage de pans entiers de l’audiovisuel public.

Le dernier coup de boutoir en date est donc celui qui concerne Radio France, puisque la PDG de la maison ronde, Sibyle Veil, a annoncé un plan d’économies de 60 millions d’euros d’ici 2022, qui fait l’unanimité du personnel contre lui. Tant et si bien que, quatre ans après le mouvement de grève massif qui avait paralysé pendant près d’un mois, au printemps 2015, toutes les antennes de l’entreprise publique à la suite du plan d’économies et de suppressions d’emploi annoncé par le PDG de l’époque, Mathieu Gallet, par la suite révoqué, celle qui lui succède Sibyle Veil, est à son tour en passe de mettre le feu aux poudres.

L’intersyndicale de Radio France (CFDT, CGT, FO, SNJ, SUD, Unsa) vient de déposer un préavis de grève pour ce mardi 18 juin (voir sous l’onglet “Prolonger”). « L’indépendance éditoriale de cette maison, la qualité et la richesse de ses contenus, produits exclusivement en interne, le rayonnement de ses formations musicales ainsi que l’excellence de sa proximité en région ne peuvent s’accommoder d’économies drastiques et d’une course déraisonnable aux ressources propres », affirme l’intersyndicale, qui demande « le retrait de ce plan dangereux et destructeur » ainsi qu’un « effectif et des moyens nécessaires pour remplir nos missions de service public ».

(....)

Les révélations du rapport Tandem
Découvrant ces chiffres avancés par le SNJ, et leur mise en cause par le syndicat, Mediapart a cherché à comprendre d’où venaient ces évaluations évoquées, réalisées par « les experts du CSE ».
En réalité, il s’agit d’une expertise réalisée par le cabinet Tandem pour le compte du CSE central de Radio France sur la situation économique et financière de l’entreprise publique au 31 décembre dernier.
Cette expertise, il est possible de la télécharger ici (pdf, 2.9 MB)
Or, en de nombreux points, cette expertise réalisée pour le CSE central, sur la base des données financières fournies par la direction de l’entreprise, vient contredire le propos public de Sibyle Veil, et établit qu’elle procède à une dramatisation dans le but d’organiser une purge sociale, qu’en réalité rien ne justifie.
À la page 20 de ce rapport, on trouve ainsi confirmation des chiffres évoqués par le SNJ. Le cabinet Tandem estime ainsi que « les projections de hausse mécanique des charges de personnel seraient moins importantes » que ne le dit la direction, s’établissant à 7,4 millions d’euros sur la période 2019-2022, au lieu des 16,1 millions évoqués par cette même direction.

En somme, le pouvoir a organisé une asphyxie financière de Radio France en réduisant drastiquement les subventions publiques en sa faveur ; et de son côté, la PDG de Radio France a forcé encore plus le trait en dramatisant les évolutions financières prévisibles. Le tout pour imposer aux salariés du groupe un sévère plan social.
À la page 21 de leur rapport, les experts du cabinet Tandem estiment en effet que si la hausse mécanique des charges est de 7,4 millions d’euros sur trois ans, au lieu des 16,1 millions d’euros évoqués par la direction, cela pourrait représenter une moindre dépense de 8,7 millions d’euros, permettant mécaniquement de réduire de 118 postes les suppressions d’emploi. En somme, le rapport dit clairement les choses : Sibyle Veil joue la carte du pire. « Les économies sur la masse salariale de 25 millions d’euros envisagés dans le projet pourraient s’avérer nettement surdimensionnées : le nombre de suppressions de postes pourrait être aménagé en conséquence. » (...)

La volonté de l’Élysée de mettre l’audiovisuel public au régime sec fait d’autant moins de doute que ces attaques contre Radio France interviennent au moment où France Télévisions subit aussi des coupes claires. Dernière illustration en date, la CGT, FO et la CFDT de France Télévisions ont appelé à la grève le 13 juin dernier pour protester contre le projet de suppression de Soir 3, l’émission d’information phare de France 3 (le communique commun est ici). « La suppression annoncée du Soir 3, la seule édition de France 3 qui accueille chaque soir un invité, voire deux le week-end, porte un sérieux coup de canif à notre mission de service public. Car le public dans ce projet est tout simplement ignoré et méprisé. Alors que le Soir 3 obtient depuis le début de l’année des records d’audience (jusqu’à 1,6 million en avril), le projet de la direction propose de nous couper du public de France 3 », ont dénoncé les trois syndicats (...) "

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