HYMAS & THE BATES BROTHERS À LA ROCHE BERNARD PAR STÉPHANE CATTANEO

Publié le 2013-02-07
Temps de lecture : 2 min.
Les Allumés du Jazz
 HYMAS & THE BATES BROTHERS À LA ROCHE BERNARD PAR STÉPHANE CATTANEO
Les Allumés du Jazz

Une fois n’est pas coutume, il ne m’a pas été nécessaire de parcourir des dizaines, centaines voire milliers de kilomètres pour assister à un concert de jazz exceptionnel : ça s’est passé samedi soir 02 février à La Roche Bernard (780 habitants), village du Morbihan que j’habite et où Hélène (notre mère adoptive à tous) tient mon bistrot préféré : « Le Rochois ». Les circonstances historiques, les réseaux d’amitié, l’énergie des bonnes personnes au bon moment et au bon endroit ont permis que se tienne une soirée dont on parlera encore d’une voix vibrante dans cinquante ans.
Des Anglais (je vous demande d’applaudir Tony Hymas, au piano) on en voit pas mal dans le coin, mais (à part à la télé) les derniers Américains (merci d’accueillir Chris Bates à la contrebasse et son frère JT aux fûts)  à être passés dans le secteur l’on fait en 1945, les armes à la main ; c’est dire si l’excitation qui faisait vibrer la place du Bouffay vers 21 heures, au terme d’une semaine à les attendre avec chaque jour plus d’impatience, grandissait, grandissait. Aussi, histoire sans doute de nous décharger de notre énervement, le trio a choisi de démarrer aussi sec par un medley cubique tonitruant, véritablement cathartique, qui a permis aux musiciens de transformer le trop-plein d’énergie de tous en un échange immédiat et provocateur entre eux et chacun de nous, et tisser par la suite une manière d’échange profond, positif, invisible…Les premières minutes du concert menées pied au plancher nous démontrèrent que ces gars sont des alchimistes, et la salle du Rochois un creuset formidable pour leurs mélanges explosifs.
Dès lors, entre vibrations d’une extrême délicatesse et orages en suspension, ils ont entraîné le public dans l’univers du blues, du jazz, de l’improvisation… Ils l’ont fait basculer dans le tourbillon d’un monde nouveau et sensible, sur l’océan des merveilles duquel on voyait les nouveaux arrivants chavirer de bonheur sur une version d’« Avec le Temps » de Léo Ferré par exemple, ou les longs développements du blues « Les évadés de la nuit » de Hymas. Pas facile pour tout le monde de nager dans un univers sensoriel où l’on n'a plus pied, mais j’ai vu bien des gens qui ne l’avaient jamais fait auparavant s’y aventurer avec délectation, enthousiasmés au-delà de la raison par le fait de découvrir qu’ils avaient l’occasion de s’abandonner à une forme subtile d’exaltation, qu’ils pouvait applaudir, crier, bouillonner sur une musique à chaque instant renouvelée, protégés qu’ils étaient par notre bulle sensorielle collective, chaleureuse, sans danger. 
Des grands moments, je crois me souvenir qu’il n’y eut que cela ; l’un fut plus étourdissant que les autres, peut-être, lorsqu’au deuxième set le trio interpréta le titre du quintet d’Hamon-Martin « Notre-Dame-des-Oiseaux-de-Fer » : que des jazzmen de cette envergure, qui avaient joué la veille en Avignon et joueraient trois jours plus tard au festival « Sons d’hiver » à Paris se sentent, veuillent se sentir proches de nous au point de reprendre la chanson qui nous fédère dans notre lutte contre l’aéroport de Nantes parut à tous renversant. L’auditoire riait, trépignait, dansait même, ce qui paraît relever de l’exploit tant la foule était dense ; en tout cas c’est ce qu’on m’a dit, moi je n’ai rien vu de ce passage : j’y participais. Improvisant une grande peinture tandis que les compères jouaient, j’avais choisi deux couleurs qui paraissent plus que jamais de circonstance : du noir et du rouge. Ce sont les deux couleurs de l’anarchie.
La générosité, le partage, la créativité… C’est l’anarchie. 
Et ça se passe à La Roche Bernard, le village le plus cool du monde.
Stéphane Cattaneo

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