FLYING FORTRESS - BACK ON THE FORTRESS (Ref. nato 1435-4660)

2 CD, digipack 4 volets, 2 livrets (20 et 24 pages)

Lorsque Flying Fortress sort début 1988, Tony Hymas a déjà participé à plusieurs enregistrements pour nato : Le chat se retourne de Tony Coe en 1984, Mainly Mancini de Tony Coe en 1985, Look at me de Terry Day en 1987 et Joyeux Noël avec Laura Davis en 1987.

Dès sa première apparition au festival de Chantenay-Villedieu en 1984 aux côtés de Tony Coe, Tony Hymas manifeste de l'intérêt pour les disques nato dont le catalogue compte alors une petite vingtaine de titres à son actif. L'heureux compositeur de "I won't let you down", tube de pop music de 1981 sévissant alors encore sérieusement dans les discothèques, a une carrière alors pour le moins panachée, de musique classique ou contemporaine avec Jane Manning, Alan Hacker, Matrix, de jazz avec John Dankworth, Cleo Laine, Harry Miller, Henry Lowther, de rock avec The Hollies, Jack Bruce, Jeff Beck...

Invité à réaliser un album, il esquisse l'idée d'une composition pour piano et cuivres, mais réalise que Fred Van Hove vient de sortir un album pour nato dans cette forme. Alors Tony Hymas prend son temps, fréquente assidûment la maison, et propose, sans se poser la question du genre, une suite en deux actes, l'un instrumental, l'autre vocal, qui, au gré des bonnes humeurs de studio, prendra le titre de Flying Fortress. Pour ce qui sera donc son premier opus, le pianiste invite selon les plages quelques-uns de ses compagnons de longues routes : le guitariste Hugh Burns (alors avec George Michael), le percussionniste Frank Ricotti (juste en rupture de séances de Tina Turner), la violoniste Lis Perry (du quatuor Arditti), les saxophonistes Stan Sulzmann (entre deux jazz alors avec Paul McCartney) et le contrebassiste Chris Laurence et le saxophoniste, clarinettiste Tony Coe (membres de Coe-Hymas-Laurence) ainsi que la chanteuse Laura Davis rencontrée pour le disque de Terry Day Look at Me.

Le disque étonne, détonne et rencontre élégamment les ondes (le titre éponyme sera le générique de l'émission « Tutti tout ouïe » de Julien Delli Fiori, sur France Inter pendant plusieurs années). Le disque fera son chemin, moins comme une synthèse de moult expériences que comme une marche nourrie vers tant de nouvelles. Comme l'écrivait Serge Loupien dans Libération le 5 décembre 1988 : « Flying Fortress constitue l'exemple type de ce que pourrait (devrait?) être la musique de ces dix prochaines années : un creuset proprement inclassable. Rafraîchissant. »

Depuis la sortie de Flying Fortress, Tony Hymas a multiplié ses aventures in natoland, d'Oyaté en Left for Dead, de Lonely Bears en Ursus Minor, d'Origine du monde en Chroniques de résistance, de rencontres durables avec Sam Rivers, Jacques Thollot, de trios, de solos...

Parfois revenait le désir de donner une suite à Flying Fortress, d'autres fois, il ne pouvait en être question. Mais l'album faisait son chemin avec une certaine indépendance, volontiers samplé, utilisé dans des films ou même connaissant quelques reprises. Le duo Yelle, dans son plus récent album, L'Ere du Verseau, a repris et arrangé « Pictures of departure » sous le titre « Mon beau chagrin » ; ce même titre trouve bonne place dans l'anthologie Uneven Paths: Deviant Pop From Europe 1980-1991. La réédition s'impose tranquillement. L'idée trottante allant et venant d'une suite s'est de suite lovée et, de quelques « bonus », on est rapidement passé à un jumeau 33 ans plus tard nommé Back on the Fortress.

En 2020, rompre la solitude ! Tony Hymas est reparti d'idées d'époque faisant leur chemin au travers d'idées ultérieures et en compagnie de quelques rencontres marquantes. On y retrouve Hugh Burns et Stan Sulzmann, présents sur Flying Fortress ainsi que Catherine Delaunay, Terry Bozzio, Stokley Williams, Yelle, Anamaz, Hélène Labarrière, Caroline Goulding, François Corneloup, Marie Thollot, Elsa Birgé, Nathan Hanson, Léo Remke-Rochard, Peter Hennig, Jacky Molard, Jean-François Pauvros, Thomas Hymas, Paul Clarvis, Ginny David et Barney Bush, compagnon des voies indiennes qui nous a quittés le 18 septembre 2021, et dont c'est le dernier enregistrement.

Pour illustrer ce parcours, l'illustrateur vedette des années nato 80, Pierre Cornuel, a redessiné deux images faisant suite à celle de 1988. Back on the Fortress est un seul acte joué et chanté aux foisonnantes images.

« L'exemple type de ce que pourrait (devrait ?) être la musique de ces dix prochaines années : un creuset proprement inclassable. Rafraîchissant. »
Serge Loupien in Libération, 5 décembre 1988 - sélection disques de l'année